• alice Alice C.A. est en 1S1, elle souhaite devenir chercheuse en Neurosciences.

     

     

     

     

     

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     Audrey D est en 1S1, elle souhaite devenir Sage-femme.


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  • La formation des sages-femmes s’améliore à partir de 1803 : en effet, à partir de cette époque, celles-ci devaient suivre pendant un an des cours théoriques, mais également apprendre la pratique, non plus sur des mannequins, mais auprès des accouchées des hôpitaux. Leur formation fut renforcée en 1894 et dura ainsi deux ans. En théorie, les sages-femmes n’étaient autorisées qu’à pratiquer des accouchements naturels à mains nues, et devaient faire appel aux médecins pour les accouchements « laborieux » ou contre-nature qui nécessitaient le recours au forceps. Les sages-femmes de campagne, qui devaient faire face seules aux situations d’urgence, avaient souvent un forceps dans leur trousse. C’est d’ailleurs au début du XIXème siècle que l’on commença à se questionner quant à la naissance avec forceps, où l’on se demandait si celle-ci présentait des avantages par rapport à la naissance naturelle.

    Pendant une bonne partie du XIXème siècle, malgré une meilleure formation des soignants, les hôpitaux étaient des lieux qui n’accueillaient que les filles mères ou les femmes très pauvres, les femmes aisées préférant accoucher chez elles. En effet, les naissances étaient à cette époque plus dangereuses dans les maternités qu’à domicile, du fait des mauvaises conditions d’hygiène. En témoigne la fièvre puerpérale qui était plus meurtrière au sein des hôpitaux qu'à la maison. On pensait à l’époque que cette maladie se propageait par les miasmes, les « émanations malsaines » des corps, et on se contentait d’aérer les chambres par des courants d’air, après avoir isolé les malades. Le personnel ne portait pas encore de blouse blanche et se lavait rarement les mains, ce qui transmettait ainsi (avec les doigts, les pansements et les instruments) les germes d’une femme à l’autre. C'est Ignace Semmelweis qui comprit les causes des épidémies de ces fièvres puerpérales dans les maternités de Vienne. Après cette découverte, l'usage du phénol (un antiseptique puissant) permit une baisse considérable des décès chez la mère. Louis Pasteur, quant à lui, découvrit en 1878 l’asepsie, ce qui permit de pratiquer avec sécurité la césarienne, qui autrefois était toujours mortelle. Mais seuls de bons chirurgiens pouvaient s’en charger. Peu à peu, l’hôpital a cessé d’être vu comme un lieu de mort, mais de plus en plus considéré comme un lieu aseptisé, où l’on pratiquait une médecine qui guérit.

    L’anesthésie, qui avait été d’abord créée pour la chirurgie, fut également utilisée dans les salles d’accouchement à partir du XIXème. On anesthésiait d’abord la parturiente avec du chloroforme, mais cela compliquait et rendait parfois impossible l'accouchement. On utilisait alors le forceps pour le faciliter. Mais l’anesthésie était peu pratiquée en France car les médecins étaient conscients des effets secondaires qu’elle impliquait. C’est tout le contraire pour les femmes anglo-saxonnes, qui informées et voulant accoucher « à la reine » (En+ 1853, la reine Victoria, donna naissance à son huitième enfant sous chloroforme), sont nombreuses à la demander. Les femmes ne voulant plus souffrir, elles sont amenées à dépendre davantage du médecin, car les méthodes d’anesthésie de plus en plus sophistiquées les obligent à aller accoucher à l’hôpital.

    C’est dans les années 1920-30 que la naissance en milieu médicalisé se développe, en France comme aux Etats-Unis. Les femmes acceptent ce changement principalement car l’Etat les aide davantage financièrement au moment de la naissance. En effet, c'est au XXème siècle que l'État a pris conscience des dangers de la dénatalité. La France se dépeuplait dangereusement, le taux de natalité baissait régulièrement (21,4 en 1920 ; 14,6 en 1938). C'est ainsi que, pour stimuler la natalité, des aides pour les classes les plus pauvres furent distribuées : les femmes eurent droit à une prise en charge forfaitaire des frais d’accouchement, d’indemnités et d’allocations mensuelles d’allaitement. Autrefois un acte d’entraide ou d’assistance, l’accouchement devient donc un acte médical.

    Dans le même temps, l’hôpital lui aussi se transforme. Mais malgré des progrès évidents accomplis sur le plan de la sécurité et du confort, il gardera longtemps une image défavorable : les femmes qui en ont les moyens ont toujours une préférence pour accoucher chez elles (45 % des accouchements se faisaient à domicile en France en 1950). L’accouchement à la maison se déroule en règle générale avec la présence d’une sage-femme ou un médecin généraliste, mais dont la formation obstétricale est assez réduite (seulement trois semaines de stage hospitalier). Il était donc très difficile de faire quelque chose pour l'enfant si l’accouchement se compliquait. À la campagne, il n’y a pas de grands hôpitaux modernes. Les sages-femmes viennent ainsi au domicile de la femme qui accouche, ou surveillent les accouchements dans de petites maternités rurales avec seulement quelques lits et très peu d’équipement, où le médecin ne passe que rarement. Jusqu’en 1950, on peut donc distinguer deux pratiques : d’une part la bourgeoisie urbaine et les paysannes qui accouchent davantage à la maison, et d’autre part les femmes des classes populaires urbaines qui accouchent plutôt en milieu hospitalier. Mais à partir de 1952, les femmes commencent à accoucher de plus en plus en milieu hospitalier.

    A cette même époque, en France, a lieu une autre mutation : le docteur Fernand Lamaze, accoucheur à Paris, met au point une méthode d’accouchement “sans douleur », qui s’inspire des recherches de médecins soviétiques. Cette méthode implique une préparation psychique et physique agissant sur l’anxiété et visant à supprimer la douleur, sans l’ingestion de drogues. Bien qu’elle ait ses détracteurs, la méthode se répand dans toute la France de 1953 à 1956. Mais d’autres transformations fondamentales des pratiques de naissance (échographie, monitoring, péridurale) voient le jour au cours des années 1970-80, entraînant une médicalisation plus grande et faisant oublier la «révolution» de l’accouchement sans douleur, qui avait donné aux femmes une plus grande maîtrise sur leur accouchement.

    Salle commune de la maternité Port Royal à Paris (1910)


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  • La conception et la grossesse sont des phénomènes naturels qui ont toujours été porteurs d'ombre et de mystère. Depuis toujours, des recherches ont été investies afin de tenter de percer le secret de la naissance. Au cours du temps, de nombreuses hypothèses ont été proposées. Elles concernaient la représentation de l’appareil reproducteur interne féminin, de l’embryon, etc… ou encore du processus de fécondation. Parfois très loin de la réalité, ces suppositions n’étaient parfois pas totalement dénuées de vérité.

    Par exemple, une des représentations de l’embryon humain qui perdurera le plus au cours de l’histoire était une proposition d’Hippocrate, qui stipulait que l’embryon était issu d’un mélange des semences masculines et féminines. On croyait alors que les femmes possédaient des «testicules» féminins. L’embryon était donc vu comme un liquide.

    Mais cette idée est démentie par un médecin hollandais en 1672, Régnier de Graaf, qui représenta l’embryon sous forme d’un œuf. L’idée des testicules des femmes est enrayée, on lui attribue maintenant des ovaires, organes qui produisent les œufs.

    Par Régnier de Graaf, 1672

     

    A cause de la répression religieuse, comme dans beaucoup de domaines scientifiques, les recherches autour de la naissance sont restées statiques. Les préceptes religieux ont malgré tout protégé les femmes enceintes, du moins le fœtus qui après 3 mois de gestation était doté d'une âme. On a encore longtemps cru à l'image d'un enfant entièrement constitué dans le ventre de sa mère.

     

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    Par Ambroise Paré, XVIème siècle

    Au XVIIIème et XIXème siècle, on commence à pouvoir être plus précis concernant le développement de l’embryon, on sait qu’il passe par des «stades» : d’abord un organisme unicellulaire, puis pluricellulaire, invertébré, vertébré inférieur, puis vertébré supérieur et enfin fœtus. Puis, au XXème et XXIème siècle, les représentations de l’embryon sont de plus en plus précises.

    Planche de l'Abrégé de l'embryologie sacrée par M. l'Abbé Dinouart, 1775


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  • Au cours du Moyen-Âge, malgré les conditions économiques et démographiques difficiles, les enfants sont désirés et attendus, comme le montre la peur de la stérilité, les rites fécondants et la grande protection de l'enfant in utero ou celle de la femme enceinte.

    Après avoir pensé, à la suite des travaux de Philippe Ariès (L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, 1960), que l'on accordait pas d'intêret à l'enfance, que les enfants naissaient et mouraient dans l'indifférence générale ou qu'il fallait attendre qu'ils soient suffisamment âgés pour être aimés, on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. Malgré un contexte difficile (très forte natalité et mortalité infantile, moyens contraceptifs peu efficaces, actes sexuels selon le discours de l'Eglise uniquement légitimés par la procréation), les hommes et les femmes n'ont pas attendu que les gros risques de mortalité infantile se soient éteints pour continuer à mettre au monde des enfants.

    D'abord, les parents désirent procréer, car par cet acte ils assurent la survie d'une lignée et participent au cycle continu des générations. Philippe de Novare, dans un ouvrage intitulé Les Quatre Âges de l'Homme, daté de 1260, explique : " [...] par les héritiers qui porteront le nom du père, la mémoire de ce dernier et de ses aïeux se perpétue plus longtemps ici-bas." Cette volonté est d'autant plus fortes dans les familles aristocratiques et princières où la part d'héritage à transmettre est importante. Quand un enfant meurt, surtout s'il est fils unique, c'est une branche entière qui tombe, une lignée qui risque de s'éteindre.

    Mais les techniques médicales sont à cette époque quasiment inexistantes. Le manque d'hygiène et l'ignorance sur l'obstétrique sont les causes d'un très fort taux de mortalité, que cela soit pour la mère ou pour l'enfant. En effet, en l'absence de connaissances scientifiques sur l'accouchement, il se déroulait principalement en fonction de superstitions, entre autre religieuses, car la religiuon avait une place très importante au Moyen-Âge. Ces croyances avaient certainement pour but de rassurer la femme accouchée, et combler ainsi le manque d'information obstétricale sur l'accouchement.

    Au Moyen-Âge, la naissance est d'abord une histoire de femmes. Dans les images des derniers siècles médiévaux, nombreuses à représenter la scène de la Nativité, il est exceptionnel de voir un homme. Dans les faits, les accoucheuses (ou matrones, ou basle) étaient simplement des femmes qui avaient survécu à de nombreux accouchements, et qui tiraient leur science de l’expérience transmise oralement. Souvent, elles n’avaient pas de connaissance d’anatomie.

    A la campagne, on accouche dans la ferme. On délie tous les nœuds de la maison, et même, dans l'étable, les vaches sont détachées, pour éviter que le cordon ombilical ne s'enroule autour du cou du bébé. Chez les gens modestes, la mère de la parturiente, les voisines et une à deux matrones (les sages-femmes de l'époque) assistent à la venue de l'enfant. Le mari assistait très occasionellement à l'accouchement ; en cas de complication, on pouvait avoir besoin de lui et de son expérience lors du velage de ses vaches.

    Au château, des tapis et des tentures sont spécialement disposés dans la chambre. La mère, plusieurs matrones, des femmes domestiques, des cousines et des tantes viennent assister et soutenir la femme qui accouche. Un médecin est dans les parages, en cas de complications. Malheureusement, quand on a affaire à lui, c'est généralement pour constater un décès.

     

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     Chambre d'une accouchée après l'arivée du bébé

    En ville, les femmes très pauvres accouchent à l'hôpital, en salle commune. A Paris, l'Hôtel-Dieu dispose d'une salle de vingt-quatre lits que l'on peut occuper à partir du 8ème mois de la grossesse. Les femmes accouchent sous le regard des autres, dans des conditions d'intimité inexistantes.

     

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    L'Hotel-Dieu

    Avant l'accouchement, la matrone renifle l'haleine de la parturiente. Si elle est bonne, l'accouchement sera facile, alors que l'inverse indique que l'accouchement se fera avec difficulté. A l'époque, on considère qu'une femme battue accouche toujours difficilement. Un bain rempli de mauve, de camomille, de fenouil, de lin et d'orge détend la future mère. On lui fait boire de la poudre d'utérus de hase (femelle du lièvre) mélangée à du vin, car cet animal accouche très rapidement. On lui fait également une fumigation entre les jambes pour relaxer les chairs.

    La femme accouche adossée à une assistante de la matrone, qui la soutient sous les bras, ou accroupie dans son lit ; ou bien sur une chaise obstétricale. Celle-ci avait déja été décrite au IIème siècle, mais son usage s'est généralisé à la fin du Moyen-âge. La matrone s'enduit les mains d'huile, puis entre ensuite sa main dans la femme pour aider à dilater son col. Si l'enfant se présente mal, elle le repousse et essaie de lui faire prendre la bonne position. On conseille aux femmes enceintes de retenir leur respiration puis de souffler, en association avec les contractions. Lorsque l'enfant sort, la matrone coupe le cordon à quatre doigts du nombril (pour les quatre saisons et les quatre âges de la vie). En cas de naissance de jumeaux, on place un fil sur le poignet du premier pour les différencier. Des jumeaux de sexe différents effrayaient les parents, et on prédisait une mort précoce à l'un des deux. Dans les chroniques familiales de la fin du moyen âge, la naissance occupe une place centrale. Leurs auteurs notent avec une extrême précision le jour et parfois l'heure (au quart d'heure près) des naissances de leurs enfants.

    Elle doit faire sortir la secondine (le placenta) du corps de la mère avec les mains. Pour éviter que des démons ne viennent, la sage-femme enterre ou brûle la secondine, et on lui fait cadeau du cordon ombilical qui, séché et réduit en poudre, peut être vendu comme philtre d'amour. Si le périnée est déchiré, elle ramollit les chairs avec du beurre fondu puis fait trois ou quatre points de suture avec du fil de soie.

    Immédiatement après l'accouchement, autour de la jeune mère on observe des femmes qui lavent le nouveau né dans une bassine, font chauffer les langes qui vont servir à l'emmailloter, habillent la jeune mère d'une chemise blanche et lui apportent un bouillon ou un verre de vin pour l'aider à retrouver ses forces. Exclu au moment de l'accouchement, le père retrouve parfois une place lorsqu'il s'agit d'effectuer les premiers soins de l'enfant.

    Lorsque la jeune femme est en état de recevoir de la visite, la famille s'empresse de se rendre à son chevet, pour voir l'enfant, féliciter la mère, et lui offrir des cadeaux. A la fin du Moyen Âge, les mères offrent à leur fille robes, pains de noix, cuillères et coupes d'argent. A Florence, le cadeau traditionnel est le plateau d'accouchée (desco da parto), petit plat sur lequel sont peintes des scènes de naissance.

     

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    Desco da parto, Masaccio , 1425-1428


     


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  • Aujourd’hui, l'accouchement est devenu un acte bien plus médical que naturel, cela s'explique par la grand nombre d'examens et de contrôles pratiqués sur la mère et l'enfant avant et pendant la naissance. Les mères veulent dans la majorité des cas éviter la douleur, et les hôpitaux éviter les procès en cas de complications.

     

    © Getty images

     

    Les trois pratiques qui se sont développées à la fin du XXème siècle et qui sont utilisées quotidiennement dans le suivi des accouchements d'aujourd'hui sont l'échographie, le monitoring, et la péridurale.

     

    L'échographie est connue pour être utilisée tout au long de grossesse, des premières semaines (échographie de datation) jusqu'au 8è mois de grossesse (échographie de morphologie). Cette méthode développée à la fin des années 70 fonctionne par un système d'ultrasons envoyés par une sonde qui les retranscrit en image à l'écran, et ces ultrasons sont bien sûrs inoffensifs pour le fœtus.Mais l'échographie est parfois utilisée lors du travail, souvent en urgence, pour évaluer la position du bébé et choisir le bon examen à pratiquer (si il faut pratiquer une césarienne par exemple). Les obstétriciens doivent être qualifiés pour pratiquer une échographie d'urgence.

    © Getty images

     

            

    Schéma de fonctionnement de l'échographie (© http://tpe1echo.wordpress.com/ )

     

     

     
     
     

    Le monitoring est un appareil qui fonctionne à l'aide d'électrodes pour voir le rythme des contractions utérines et celui du battement du cœur du bébé. Il peut être externe, les électrodes sont fixées sur le ventre de la mère à l'aide d'une ceinture. La plupart du temps, seul le monitorage externe est nécessaire pour s'assurer du bon déroulement de l'accouchement. Mais comme la ceinture bouge, on perd parfois le signal fœtal, et dans certaines conditions, notamment lorsque l'on suspecte une souffrance fœtale, l'équipe obstétricale préfère procéder à un monitorage interne. Le   monitorage interne est possible à partir du moment où le col est dilaté à deux centimètres. Cela consiste à disposer une électrode sur le crâne du bébé, afin d'enregistrer directement ses pulsations cardiaques. Pour pouvoir disposer l'électrode, la sage-femme rompt la poche des eaux, si cela ne s'est pas fait avant. On utilise cet appareil dans le même but que l'échographie lors du travail: pour savoir s'il y a souffrance fœtale et besoin d'une intervention d'urgence.

    Si ces deux derniers examens montrent une anomalie, au niveau des contractions (si elles sont inefficaces) ou au niveau du bébé (en cas de baisse de son rythme cardiaque) on pratique une césarienne d'urgence, qui est pratiquée sous rachianesthésie :

     

    Le chirurgien qui la pratique doit être très expérimenté.On incise la peau, puis les différents tissus, afin de parvenir jusqu'à l'utérus.Celui-ci est alors ouvert dans sa partie la plus fine. En quelques secondes, on aspire la poche des eaux et on extrait le bébé attaché à son cordon (lui-même relié au placenta, qui sera aussi évacué rapidement de l'utérus).Aussitôt sorti, l'enfant est confié à la sage-femme qui, si la maman est sous péridurale, lui prodiguera les soins.

     

    Entre l'incision de la peau et la naissance, dix minutes environ se seront écoulées. La deuxième étape, celle de la réparation, de la fermeture des différentes couches de tissu, réclame un peu plus de temps : environ trente minutes. Le chirurgien aura le choix entre des agrafes ou des points, qui seront retirés quelques jours plus tard.

     

     

     

     

     

     

     

    Il faut plus longtemps pour se remettre d'une césarienne que pour un accouchement par voie basse puisqu'il s'agit d'une véritable opération chirurgicale. En règle générale, vingt à trente jours sont nécessaires. On se lève assez rapidement, généralement dans les vingt-quatre heures qui suivent l'intervention. Au début, on peut éprouver quelques difficultés à marcher. Si le ventre est très douloureux, un produit dérivé de la morphine est administré pendant quarante-huit heures. Le séjour à la maternité dure un peu plus longtemps que pour un accouchement normal: en principe, six jours au lieu de quatre. Malgré les conséquences physiques contraignantes, la césarienne est aujourd’hui trop pratiquée pour des raisons diverses: travail trop long, confort de la mère. On parle d'une césarienne « de convenance » qui représenterait 20% des césariennes pratiquées !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Répartition du taux de césarienne en fonction de la région: on remarque que les régions où on pratique le plus de césariennes sont les régions où il y a le plus de maternités privées.

     

    Si le travail se déroule normalement, on a la possibilité de supprimer la douleur des contractions grâce à la péridurale. Celle-ci est très utilisée de nos jours: aujourd’hui 2 femmes sur 3 accouche sous ses effets. Apparue dans les maternités au cours des années 80, la péridurale a pour but de bloquer la transmission des influx douloureux résultant de la contraction de l'utérus et de la progression du bébé vers la sortie.

    C'est une technique d'anesthésie loco-régionale consistant à introduire un cathéter dans l'espace péridural (d'où son nom) permettant la diffusion d'un produit actif (analgésique, anesthésique, glucocorticoïde...). Elle est réalisée par un anesthésiste dès que le col de l'utérus est dilaté de 2 à 3 cm, mais il est possible de la faire jusqu'à 6cm de dilatation au cas où la mère ne supporte plus la douleur. D'ailleurs, le rendez vous préalable chez l'anesthésiste est obligatoire dans le suivi prénatal, même si la mère est en fervente opposition à cette technique d'anesthésie. Toutes les femmes peuvent en bénéficier, sauf celles qui présentent de la fièvre, des troubles de coagulation du sang, une infection au niveau du dos (un furoncle, par exemple) au moment de l'accouchement. La péridurale est aussi contre-indiquée en cas de troubles neurologiques.

    Après avoir réalisé une petite anesthésie locale, le praticien guide une aiguille entre la troisième et la quatrième vertèbre lombaire pour atteindre l'espace péridural. Puis, il introduit un cathéter (souple et creux) par lequel sera injecté le produit anesthésique, et il retire l'aiguille. Le tout s'effectue sous contrôle de la tension artérielle de la mère et du rythme cardiaque du futur bébé. Auparavant, on place une perfusion intraveineuse afin de traiter les éventuelles modifications de la tension artérielle que peut entraîner la péridurale. La pose n'est pas douloureuse, elle dure tout au plus 5 minutes, et ses effets sont ressentis entre 10 et 15 minutes après la pose. La seule douleur ressentie est une force pression du dos, rapidement estompée grâce à la disparition des contractions. Aussi, pour éviter la douleur de la pose du cathéter, le médecin insensibilise le dos à l'aide d'une petite aiguille.

     


    Schéma de l'espace péridural


     

    Il existe 4 types de péridurales principales:

    • la péridurale minidosée: c'est la plus connue, les produits utilisés sont à la dose minimale efficace. En diminuant la concentration, les anesthésiques sont toujours actifs mais n’ont pas d’effet sur la motricité, ce qui permet de bouger sur la table de naissance.

    • La péridurale avec autocontrôle par pompe PCEA (Patient controlled epidural anesthesia) consiste à s’injecter soi-même la quantité de produit en fonction de l’intensité de la douleur. Pour éviter tout surdosage, les quantités d’anesthésique et les intervalles d’injection sont préprogrammés par l’anesthésiste.

    • La péridurale ambulatoire, avec ou sans pompe, permet de faire quelques pas dans les couloirs de la maternité tout en étant sous péridurale. Pour cette technique, des doses minimales sont employées. Les sensations sont donc plus importantes, voire un peu douloureuses lors de l’expulsion.

    • La péridurale combinée associe une rachianesthésie (injection de l’anesthésique plus profondément dans le liquide céphalorachidien) et une péridurale. Lorsque la dilatation du col est importante, la rachianesthésie permet de supprimer la douleur de l’accouchement dans les deux minutes, la péridurale prenant le relais.

       

    Il y a souvent des idées reçues contre la péridurale, il faut savoir qu'elle a très peu de complications graves, même s'il arrive de ressentir des maux de têtes passagers ou des douleurs lombaires. Il n'y aucun risque pour le bébé ; la dose de produit envoyée est trop faible pour l'atteindre. Les risques de paralysie après une péridurale n'existent pas. Au centre des vertèbres se trouve la moelle épinière qui se prolonge par des racines nerveuses. La moelle est protégée par des enveloppes épaisses, les méninges. La dure-mère est l'une de ces enveloppes. C'est elle qui limite l'espace péridural. C'est là que l'anesthésiste injecte le produit... donc loin de la moelle épinière.

     

    En arrivant à la maternité, la mère est placée en salle de travail, elle peut y rester plus de 24h! En attendant la péridurale et/ou le moment d'accoucher, la mère doit apprendre à gérer sa douleur. En France, il y a huit cours de préparation à l'accouchement qui aident la mère à se projeter au Jour J. Les méthodes anti-douleur qui y sont décrites ressemblent beaucoup à celle de l'Accouchement Sans Douleur (ASD), on apprend à y gérer sa respiration, et à savoir se positionner pour raccourcir le travail. Depuis 2007, la mère a la possibilité de prendre rendez-vous au quatrième mois de grossesse avec une sage-femme afin d'élaborer un projet de naissance : c'est un document dans lequel les parents notent leurs souhaits relatifs à l’accouchement. Gestes médicaux qu’ils veulent éviter (péridurale, monitoring en continue, perfusion d’ocytocine…), positions durant l’accouchement, musique, etc : tous les aspects de l’accouchement peuvent y être évoqués. La femme peut même marcher selon le type de péridurale qu'elle a choisi (notamment la péridurale ambulatoire).

                                  

    © Getty images Des femmes enceintes bougeant sur un ballon. Cette pratique facilite la dilatation du col de l'utérus, les ballons sont disponibles dans toutes les maternités.

     

    Quand le col est dilaté à 9 ou 10 cm, la mère est transférée en salle de naissance. Dans cette salle, il y a un parfois un gynécologue (surtout pour les accouchements à complications), une sage-femme, une puéricultrice et/ou son auxiliaire pour prendre en charge le nouveau-né. C'est la partie la plus courte de la naissance, elle ne dure pas plus d'une vingtaine de minutes ! La mère est souvent mise d'office en position gynécologique, semi assise, avec des étriers pour maintenir ses jambes. Mais dans certaines maternités (dans lesquelles on a élaboré son projet de naissance), il est possible d'accoucher assise, sur le côté, à quatre pattes, voire même debout (c'est d'ailleurs la position préférée des accouchées anglo-saxonnes).

          

    © http://www.materielmedical.fr Une table d'accouchement

    Le bébé sort bien sûr grâce aux poussées de sa mère, mais parfois cela n'est pas suffisant, l'aide médicale est parfois nécessaires pour éviter un déchirement de la vulve. On peut pratiquer :

    • L'usage des forceps (image a): Uniquement à la fin de l'accouchement. Quand la tête du bébé est engagée dans le bassin maternel, lorsque la poche des eaux est rompue et la dilatation du col de l'utérus complète. Entre deux contractions, le médecin introduit dans le vagin, en se guidant avec les doigts, chacune des cuillères lubrifiées. Elles sont glissées symétriquement de chaque côté de la tête du bébé et viennent "coiffer" ses oreilles et ses tempes tels des écouteurs radio. Lorsqu'une contraction arrive, le médecin demande à la maman de pousser et tire délicatement sur les branches. Après, tout va très vite: en quelques minutes, votre bébé est né.

    • L'usage de la ventouse (image b): La force de traction qu'elle permet d'exercer étant assez limitée, on l'utilise lorsque la tête est déjà bien engagée dans le bassin. Elle est constituée d'une sorte de petit bonnet (cupule) relié à un tuyau, lui-même rattaché à une pompe. L'obs­tétricien l'applique sur le sommet du crâne du bébé, et fait ensuite le vide. La cupule adhérant au crâne, il ne reste plus qu'à diriger le bébé vers la sortie. L'avantage de la ­ventouse ? Elle ne déforme ni ­la muqueuse vaginale, ni le périnée.

    • La pratique d'une épisiotomie (image c): C'est une incision chirurgicale du périnée (ensemble des muscles et ligaments qui soutiennent la vessie et les autres organes du petit bassin : rectum, vagin et utérus) pratiquée lors de l’accouchement. Très fréquente, on y a recours dans plus d'un accouchement sur deux. Cette coupure nette de 2 à 6 cm, partant de l’extrémité de la vulve, a pour but de faciliter le passage de la tête du bébé. A l’origine, on pensait aussi qu’elle pouvait éviter les déchirures du périnée ainsi que les incontinences urinaires à long terme. On a longtemps recommandé aux obstétriciens et aux sages-femmes d’avoir recours à cette intervention de façon quasi systématique, aujourd’hui le Collège national des gynécologues et obstétriciens français déconseille fortement cette pratique.

    Image a                                          Image b                               Image c

     

    Au moment de l'expulsion, la mère a la possibilité d'attraper son bébé. Aujourd’hui on favorise « un peau à peau », c'est à dire que le bébé est posé à même sa mère pour leur permettre de créer un contact dans la salle de naissance. Cela favorise également l'allaitement : en effet le réflexe de succion se joue dans la première demi-heure de vie. Aussi, la mère est plus détendue lors de la délivrance, du fait qu'elle a son enfant près d'elle.

     

    © Getty images

    Les maternités en France sont aujourd’hui au nombre de 572, dont 208 privées. Elles sont inégalement réparties, on déplore des régions où elles sont situées à plus d'une heure et demie de route du domicile de la parturiente. La majorité des accouchements a lieu dans les maternités, mais on observe un phénomène de retour aux sources: l'AAD (accouchement à domicile) qui représente 3% des accouchements.

     

    Pour contrer ce phénomène, la France a remis en place, après le Projet de Naissance, le label « Maternité amie des bébés », dans lesquelles on respecte le corps de la femme et on prône une naissance douce avec un allaitement favorisé. Il n'y avait que 12 maternités qui possédaient ce label fin 2011.

     

     

    On observe également la mise en place de Maisons de Naissance, qui sont une alternative entre la maternité et l'accouchement. A l'intérieur: pas de table obstétricale, pas de lumière aseptisée mais une grande pièce tamisée avec par exemple un lit, une baignoire, un canapé où les femmes donnent naissance comme chez elles, accompagnées par la même sage-femme depuis le début de leur grossesse jusqu'à la fin de leur allaitement. Elles doivent être attenantes à une maternité classique en cas de complication. Cependant il n'existe pas de MDN officielle, les accouchements pratiqués dans celles-ci sont considérés comme des accouchements à domicile !

    La médicalisation trop importante, un accouchement peu respecté, le maternage intensif sont les raisons de la désertion des maternités. Les femmes veulent un personnel médical à leur écoute, et à l'écoute de leurs corps; pour ne pas faire de la naissance un acte surmédicalisé.

     

                


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